Le trouble bipolaire est un trouble biologique sévère qui atteint 1% de la population adulte. Même si les symptômes et la sévérité varient, le trouble bipolaire a un impact considérable sur ceux qui ont cette maladie et sur leur famille, conjoint(e) et amis. Si vous avez reçu un diagnostic de trouble bipolaire, vous vous posez probablement beaucoup de questions au sujet de la maladie, de ses causes et des traitements qui sont disponibles.
I- Diagnostic du trouble bipolaire
Il n’existe pas tests de laboratoire ou d’examens radiologiques qui permettent de confirmer le diagnostic. Le médecin pose le diagnostic lorsqu’il constate la présence d’un ensemble de symptômes qui sont présents de façon concomitante. Pour poser le bon diagnostic, le clinicien doit questionner la personne qui est malade et, si possible, les membres de la famille. Le clinicien voudra savoir quels symptômes sont présents actuellement et quels symptômes se sont déjà manifestés dans le passé.
II- Symptôme du trouble bipolaire
Le trouble bipolaire est une maladie caractérisée par des cycles de changements de l’humeur.
La personne peut présenter des périodes d’élévation de l’humeur puis des périodes d’humeur dépressive et, parfois, des moments où l’humeur est normale. On peut trouver quatre types d’épisodes thymiques dans le trouble bipolaire :
II-1. La manie :
La manie débute souvent par une augmentation du niveau d’énergie, de la créativité, et de l’aisance sociale. Par contre, ces sentiments peuvent rapidement se transformer en euphorie (humeur extrêmement élevée) ou en irritabilité excessive. Les gens atteints de manie manquent souvent d’autocritique et ne réalisent pas qu’il y a un problème. Ils peuvent blâmer les gens qui tentent de le leur refléter. Lors de l’épisode de manie, les symptômes suivants sont présents pendant au moins une semaine et empêchent la personne de fonctionner normalement:
- L’humeur est élevée, euphorique et/ou irritable de façon anormale et persistante, pendant au moins une semaine (ou toute autre durée si une hospitalisation est nécessaire). Une augmentation inhabituelle et persistante du niveau d’énergie et/ou de l’activité orientée vers un but (social, scolaire, professionnel ou sexuel) est associée à la modification de l’humeur,
- Et au moins 3 des symptômes suivants (4 si l’humeur est seulement irritable) ont persisté avec une intensité suffisante :
- Réduction du besoin de sommeil mais niveau d’énergie très élevé
- Désir de parler constamment, parler si rapidement que les autres ne vous suivent pas.
- Fuite des idées ou sensation subjective que les pensées défilent
- Distractibilité : l’attention se déplace rapidement entre différents sujets en quelques minutes.
- Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur
- Augmentation de l’activité orientée vers un but ou agitation psychomotrice.
- Engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de conséquences dommageables (dépenses excessives d’argent, activité sexuelle inappropriée, investissements mal avisés)
II-2. L’hypomanie
L’hypomanie est une forme plus légère de la manie. L’individu présente des symptômes similaires mais d’intensité moins sévère et causant moins d’impact fonctionnel.
Pendant l’épisode d’hypomanie, l’humeur peut être élevée, la personne se sent mieux que d’habitude et est plus productive. Elle ne pense pas qu’il y a un problème. Plus tard, elle peut même cesser de prendre des médicaments pour ressentir à nouveau l’hypomanie. Par contre, l’hypomanie est souvent suivie d’un épisode de manie ou de dépression.
II-3. La dépression majeure :
Les symptômes suivants sont présents pendant au moins 2 semaines (5 des critères suivants dont l’un des 2 premiers) :
- Tristesse presque tous les jours, pratiquement toute la journée
- Perte d’intérêt pour presque toutes les activités, presque tous les jours, pratiquement toute la journée
- Augmentation ou diminution de l’appétit
- Augmentation ou diminution du sommeil
- Fatigue
- Agitation ou ralentissement psychomoteur
- Difficulté à penser, indécision, trouble de concentration presque à tous les jours
- Auto dévalorisation ou culpabilité excessive
- Idées de suicide ou de mort récurrentes
La dépression sévère peut parfois inclure des hallucinations ou des délires
II-4. Caractéristiques mixtes :
Lorsque les symptômes de manie et de dépression sont présents en même temps ou qu’ils alternent fréquemment dans la même journée, on parle d’un épisode avec des caractéristiques mixtes. Par exemple, lorsque l’épisode de manie s’accompagne de 3 symptômes de dépression majeure, on parle d’un épisode de manie avec des caractéristiques mixtes. La personne est excitée ou agitée mais aussi irritable et déprimée.
III- Types du trouble bipolaire
III-1. Trouble bipolaire de type I
la personne présente des épisodes de manie et, presque toujours, des épisodes de dépressions. Si la personne a présenté dès le début un épisode de manie, on peut poser un diagnostic de trouble bipolaire même si la personne n’a pas encore eu un épisode de dépression. Il est probable que la personne présentera des épisodes de dépression et de manie à moins de recevoir un traitement efficace.
III-2. Trouble bipolaire de type II
La personne ne présente que des épisodes d’hypomanie et de dépression, pas d’épisode de manie. Ce type de trouble bipolaire peut être difficile à reconnaitre car l’hypomanie peut sembler normale si la personne est simplement très productive et évite les problèmes. Les individus atteints du trouble bipolaire de type II ne se préoccupent pas souvent des épisodes d’hypomanie et demandent un traitement seulement lorsqu’ils sont déprimés. Malheureusement, si on prescrit seulement un antidépresseur, sans stabilisateur de l’humeur, pour un trouble bipolaire de type II, on peut déclencher un épisode de manie ou des cycles plus fréquents.
III.3. Trouble cyclothymique
Dans ce type de trouble, la personne présente au moins 4 épisodes à chaque année (manie, hypomanie ou dépression). Ceci survient chez 5-15% des patients avec le trouble bipolaire. Les cycles rapides peuvent parfois être déclenchés par la prise d’antidépresseurs sans stabilisateurs de l’humeur. Les troubles bipolaires à cycle rapide sont plus fréquents chez les femmes.
IV. A quel Age commence le trouble bipolaire ?
Le trouble bipolaire débute généralement à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, même si parfois il commence dans l’enfance ou dans la quarantaine ou la cinquantaine. Lorsque le premier épisode survient après 50 ans, la cause la plus probable est un autre problème médical qui imite le trouble bipolaire tel qu’une maladie neurologique ou les effets des drogues, de l’alcool ou un médicament.
V. Traitement du trouble bipolaire
V-1. Les étapes de traitement
- Phase aigüe : Le traitement permet de mettre fin à l’épisode de manie, d’hypomanie et de dépression.
- Phase de maintien : Le traitement vise à diminuer le risque de rechute.
V-2. Eléments clés du traitement
Les médicaments sont nécessaires pour presque tous les patients pendant la phase aigüe et de maintien.
La psychoéducation est critique pour aider les patients et les familles à composer avec le trouble bipolaire et pour prévenir les complications.
La psychothérapie aide les patients et leur famille à composer avec les pensées, les émotions et les comportements problématiques de façon constructive. On met l’emphase sur la détection précoce et le traitement des épisodes ; la modification des niveaux d’activité et de stress et la résolution de problèmes.
Les groupes de soutien offrent de l’aide et une compréhension qui peut promouvoir la stabilité au long cours. Les participants rapportent qu’ils se sentent acceptés par le groupe, que les pairs peuvent les aider à suivre le plan de traitement et qu’ils peuvent partager leurs expériences avec des gens qui ont déjà eu le même type d’expérience.